LE LEADERSHIP CHRÉTIEN EN DÉBAT À YAOUNDÉ / LE SCHOLASTICAT DES PÈRES PALLOTTINS A SERVI DE CADRE DIMANCHE 22 DECEMBRE 2024 À UNE CONFÉRENCE SUR LE THÈME : “FOI ET LEADERSHIP DANS L’EGLISE D’AFRIQUE AUJOURD’HUI ». IL EN RESSORT PRINCIPALEMENT QUE JESUS CHRIST EST UN MODÈLE DE LEADERSHIP ET DE GESTION DE NOTRE HUMANITÉ
Par Suzanne NDJANA
Dans sa posture de conférencier, le Curé-Recteur de la Basilique Marie Reine de Mvolyé le Révérend Père Aloyse Kisito ESSONO, est revenu sur le profil du chrétien que nécessite l’Eglise aujourd’hui : « des chrétiens qui croient en Dieu, qui ont le sens de gouverner, le sens de manager, le diriger et d’orienter le peuple de Dieu » ; d’où l’importance du thème choisi pour cet échange organisé par la commission spéciale de la compassion et de la formation des laïcs, et dont les principales cibles étaient les trois conseils des paroisses, les responsables des groupes et les responsables des associations.
Selon le conférencier, le leadership est fondamentalement une question anthropologique : « nous sommes dans ce monde pour orienter les autres, pour canaliser l’humanité. Le leadership se présente comme un processus de subjectivation qui a pour finalité de faire grandir les autres. Si on fait grandir les autres, il faut comprendre qu’on ne peut pas être leader à vie. Il faut se remettre en cause et apprendre des expériences tant positives que négatives », a-t-il indiqué, tout en reconnaissant que personne ne nait leader, personne n’a des éléments dès sa naissance pour pouvoir gouverner les autres. Aussi reconnait-il des dimensions qui caractérisent le leader, à savoir : le leader doit être reconnaissant pour ce que la société lui donne et lui permet de faire, il doit aussi pouvoir reconnaitre la présence des autres, avoir la capacité de pouvoir intégrer ceux qui n’ont pas la même vision, la même perception que lui ; « Le leadership c’est de savoir intégrer toutes les propositions, même les plus négatives. Ces propositions peuvent apporter quelque chose que vous n’avez pas prévu vous-même et vous permettre d’avancer. », a conclu le Curé-Recteur de la Basilique de Mvolyé. Entre autres caractéristiques reconnues à celui qui est digne d’être appelé vrai leader, on a retenu :
– Le leader qui transforme qui ne tient pas compte de son propre intérêt, mais plutôt de l’intérêt commun.
– La capacité du leader à pouvoir servir la collectivité, à pouvoir servir le groupe, étant donné que celui qui ne voit rien en les autres travaille absolument pour son intérêt personnel. Il doit avoir un esprit fondamentalement positif.
– Le leader est un responsable, il doit prendre des décisions qui tiennent compte des avis des autres. Ainsi, le leader prône un esprit démocratique, il pose le problème sur la table et requiert les avis des autres. Le leader doit enfin être capable de se mettre en retrait.
Quelques figures qui peuvent servir de modèle de leadership dans la Bible ont d’ailleurs été listées à l’occasion :
– Dans l’ancien testament, le livre du Pentateuque présente un Moïse qui a été choisi par Dieu pour conduire son peuple vers une terre étrangère, la terre promise. Ce que Moïse fait avec beaucoup d’expérience. Moïse est appelé par Dieu pour libérer son peuple de l’esclavage en Egypte. Il a été le guide de ce peuple pendant 40 ans. Dans le livre de l’Exode, nous avons un Moïse fort. Se rendant compte qu’il n’était pas un bon parleur, il permet à son frère Aaron de parler en son nom. Il partage ainsi son pouvoir avec son frère Aaron. Et pendant 40 ans au désert, Moïse tient son bâton de commandement. Effectivement, Moïse sort son peuple de l’esclavage et le conduit à la terre promise. Ce qui caractérise Moïse en tant que leader c’est sa capacité de pouvoir entrer en contact avec Dieu. Il ne prenait jamais de décision sans parler avec Dieu, sans s’entretenir avec Dieu, sans demander à Dieu. Cette relation intime que Moïse entretenait avec Dieu lui donne les capacités de pouvoir conduire son peuple. L’on comprend donc que la relation que nous entretenons avec Dieu peut faire de nous des bons leaders : « demandez à Dieu, proposez à Dieu », a martelé le brillant orateur, qui a ensuite évoqué le cas de Josué.
Josué qui vient continuer la mission de Moïse en faisant ressortir comme une sorte de complémentarité. Josué se présente ainsi comme un modèle de continuité car, comme l’a précisé le révérend père Aloyse Kisito ESSONO, « Le leader n’est pas celui qui vient détruire ce que les autres ont fait avant lui. On entretient ce que l’autre a commencé, on épouse la logique de son prédécesseur ».
Salomon pour sa part s’illustre dans la Bible comme un leader parce qu’il a l’art prier en ne demandant que l’essentiel et non les choses qui passent : il demande exclusivement la sagesse.
A noter que Jésus Christ est le leader par excellence, lui qui a été capable de se sacrifier, ayant avant tout obéi à son père. Et Comment la 2ème personne de la sainte trinité, Jésus Christ s’illustre-t-il comme un leader par excellence ? La réponse est simple : la vie personnelle du Fils de Dieu et son témoignage font de lui une figure marquante du leadership. Ayant déjà choisi les 12 en effet, il attire autour de lui. Le fait d’avoir un témoignage de vie fait en sorte que le leader draine des foules. Le leadership de Jésus ne manifeste cependant pas le désir de popularité. « Chaque fois que Jésus faisait un miracle, il refusait qu’on le propage partout », a indiqué le conférencier. Le leader est donc celui qui n’use pas de sa popularité pour se faire un nom, il évolue dans la discrétion, et comme cela est souvent le cas la popularité expose à la chute. Le leadership par excellence de notre Seigneur Jésus Christ s’illustre aussi dans sa capacité de servir, sa capacité de pouvoir élever l’Homme en le rendant libre dans la mesure où il dit de chasser les mauvais esprits. Ainsi, l’homme qui est possédé, Jésus le rend libre. Le leadership par excellence de Jésus se lit enfin dans sa capacité à transformer l’Homme (vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Matthieu 5 :38-45), et dans sa capacité à se passer du matériel : « si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Matthieu 16 :24-25).
Dans l’histoire de l’église, certaines figures se sont également démarquées comme modèle de gouvernance : l’évêque Clément d’Alexandrie par exemple, qui perçoit son autorité comme évêque comme le responsable de la communauté. Et en tant que responsable de la communauté, Il est celui qui est le garant de l’église. Le Père Aloyse Kisito ESSONO a été formel : « Un leader de l’église doit s’illustrer par deux choses : être capable d’enseigner la parole de Dieu, et être capable d’administrer les sacrements ».
– L’empereur Constantin de son côté s’est manifesté dans l’église comme un leader par excellence. On l’appelait même le souverain pontife parce qu’il a su faire la jonction entre l’église et la réalité culturelle. Il était très engagé dans l’église, mais aussi il est resté très ancré dans la vie culturelle. Il a pris aussi des décisions à un moment très délicat. Avant 313 en effet, l’église vivait dans la peur, on ne pouvait pas célébrer les sacrements librement. D’ailleurs, le christianisme était considéré comme une religion illicite aux côtés des seules religions permises dont la religion impériale, les religions orientales, le judaïsme. L’histoire retient que c’est grâce à Constantin que le christianisme devient une religion officielle.
Cyprien, l’évêque de Carthage qui est à l’origine du célibat des prêtres, car il est bon d’incarner la vie du Christ intérieure, sa vie ontologique.
Augustin a été un bon leader dans sa façon de diriger le peuple parce qu’il était très humble, mais aussi dans sa capacité de pouvoir développer un esprit scientifique étant évêque. Avoir le siège épiscopal et être un homme de science n’était pas évident. Une littérature abondante nous vient d’Augustin.
C’est la 2ème personne de la sainte trinité, Jésus Christ est le leader par excellence, lui qui a été capable de se sacrifier, ayant avant tout obéi à son père. Le leader est celui qui est capable de se sacrifier pour les autres. Ce sacrifice est précédé par une relation forte avec son père. Même s’il a des sujets, un leader doit aussi obéir à quelqu’un. Jésus obéit à son père, il fait la volonté de son père. La raison pour laquelle on meurt doit être noble, être capable de voir plus loin. Le leader doit tenir compte de la vie atemporelle du groupe, éternelle. Etre capable de voir plus loin, et pouvoir verser son sang pour ceux qu’on aime. Notre pays est comme il est parce que nous gouvernons d’abord pour nous même.
– Dans l’histoire de l’église, certaines figures se sont démarquées comme modèle de gouvernance : l’évêque Clément d’Alexandrie qui perçoit son autorité comme évêque comme le responsable de la communauté. En tant que responsable de la communauté, Il est celui qui est le garant de l’église. Un leader de l’église doit s’illustrer par deux choses : être capable d’enseigner la parole de Dieu, et être capable d’administrer les sacrements.
– L’empereur Constantin s’est manifesté dans l’église comme un leader par excellence. On l’appelait même le souverain pontife parce qu’il a su faire la jonction entre l’église et la réalité culturelle. Il était très engagé dans l’église, mais aussi il est resté très ancré dans la vie culturelle. Il a pris aussi des décisions à un moment très délicat. Avant 313 en effet, l’église vivait dans la peur, on ne pouvait pas célébrer les sacrements librement, d’ailleurs, le christianisme était une religion illicite, les religions permises c’était la religion impériale, les religions orientales, le judaïsme. C’est grâce à Constantin que le christianisme devient une religion officielle.
Cyprien l’évêque de Carthage qui est à l’origine du célibat des prêtres. Nous devons incarner la vie du Christ intérieure, sa vie ontologique.
Augustin a été un bon leader dans sa façon de diriger le peuple parce qu’il était très humble, mais aussi dans sa capacité de pouvoir développer un esprit scientifique étant évêque. Avoir le siège épiscopal et être un homme de science. Une littérature abondante nous vient d’Augustin.
– Des leaders africains sont également cités comme modèles de leadership : Nelson Mandela dont le passage en prison pendant 25 ans n’a eu que des effets positifs sur son futur. Le leader c’est celui qui sait exploiter le passé pour explorer le futur. Et Mandela n’a jamais exprimé un courroux contre son passé, ou une quelconque vengeance, mais on a vu un homme orienté vers le futur, un homme orienté vers le bonheur de son peuple.
Les martyrs d’Ouganda ( 1884-1885) qui ont manifesté leur attachement indéfectible à Christ et ils ont donné leurs vies au Christ. Ils sont considérés comme des modèles de vie en Christ grâce à leur courage et leur détermination.
Le chrétien de nos jours fait face à d’importants défis en termes de leadership, à savoir :
Les défis d’un bon leader chrétien :
– Sa capacité de vivre ensemble, à vivre avec les autres. Si un leader ne peut pas vivre avec les autres, alors on ne peut pas être un bon leader chrétien.
– Etre capable de former humainement les autres
– Etre juste socialement. La justice selon Platon c’est la méritocratie. Il faut donner à chacun ce qu’il mérite. Rend à chacun ce qui lui est dû, c’est la justice selon Aristote
– Etre artisan de paix
– Etre capable de réconcilier
– Avoir la capacité d’inculturer.
Des défis ci-dessus cités découlent quelques sortes de leaderships indispensables, à savoir:
– Le leadership transformationnel qui consiste à être avec les autres, à accompagner les autres, à tenir compte de la présence des autres, mais aussi les émotions des autres. Il nécessite aussi la capacité de comprendre les autres ;
– Le leadership participatif ou corporatif qui est basé sur la capacité de pouvoir communiquer, d’impliquer les autres.
– Le leadership du service : le bon leader se met volontairement au service des autres ;
– Le leadership comme la capacité d’inventer le futur sur tous les plan, d’innover, d’être proactif.
Suzanne NDJANA
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